Le premier jour de tournage sur le film coréano-japonais m’a réservé son lot d’émotions, le second devrait probablement être plus calme. Hahaha.

Tu rêves.

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Le role de ma vie - L'idole frigorifiée

Un casting au petits oignons

J’ai eu la folie d’envoyer une photo du casting à une amie calée en starlettes coréennes : je sais maintenant que la colombe asiatique qui me regarde avec ses yeux de biche n’est autre qu’une des idoles les plus connues de Corée, membre d’un groupe de fille qui cartonne depuis près de 10 ans. Je comprends soudain mieux la présence de courtisanes/maquilleuses, la loge privée, les réactions mielleuses, le grand mec taciturne qui ne doit être autre que son garde du corps attitré. Quand je repense aux questions naïves que je lui ai posées et au sourire attendri avec lequel elle m’a répondu si sincèrement, je me sens cruche-à-saké. Tout le monde était au courant sauf moi : De fait, personne n’a songé à me prévenir. Je m’étonne d’ailleurs que l’on m’ait laissé lui distribuer des câlins, comme j’en fais déjà à tout le reste de l’équipe. Peut-être la police sud-coréenne attend-elle la fin du tournage pour m’envoyer en prison à me nourrir exclusivement de Kimchi pour le restant de mes jours.

Le role de ma vie - L'idole frigorifiée

La tour TV de Nagoya

Ce matin nous rendons en centre ville, à la tour TV de Nagoya, cette miniature rouge de la tour Eiffel, antérieure à celle mieux connue de Tokyo. Je crois bien n’y être montée qu’une seule fois en trois ans. L’entrée coûte près de 1000 yen, pour une jolie vue à 360° certes, mais seulement cela. 
Un van fumé par acteur principal, un autre pour le reste de l’équipe et les figurants. Au moins dans notre Toyota configuration sardines, l’ambiance est au beau fixe.

Arrivés en bas de la tour, la flotte glisse lentement vers l’entrée en passant directement au milieu des jardins, normalement interdits aux véhicules. Joli passe droit. Va-t’il s’agir de faire sortir notre idole coréenne discrètement pour éviter les débordements ? Contre toute attente, la masse de fans à l’entrée est exclusivement jeune et féminine. Je remarque alors la scène dressée à quelques mètre de là, annoncant la performance d’un boysband originaire de Nagoya inconnu à mon bataillon.

« ça alors, cela veut dire qu’ils performent avec un membre en moins aujourd’hui ?? » S’exclame Mayu.

#WHAT? #TuPlaisantesJasper

Une star japonaise sur le perron

Plaît-il ?
Dois-je donc en conclure que non seulement la coréenne est une star internationale, mais que le japonais aussi ?! Encore une fois je suis la dernière au courant. De mieux en mieux. Ou bien de pire en pire? Je ne sais plus à quel dieu shinto me vouer. En même temps, quand on vit sans télévision, ni radio pop, sans passer par les centres prisés de la jeunesse volcanique, on ne peut s'en prendre qu'à soit-même, n'est-il pas ?
Ceci dit, j’appréhende mieux la foule de demoiselles en pâmoison aux marches du palais. 

Les vans ont réussi à se rapprocher au maximum de l’entrée, la montée se fait en un éclair, bob et lunettes noires. Pour les starlettes en tout cas. Car notre van de prolos inconnus s’arrête sur un parking payant à cent mètres, de l’autre côté de la rue.

Au dernier étage de la Tour rouge-copie-d'Eiffel, il fait un vent à décorner les dragons sacrés. Le froid est saisissant. Il charie avec lui des gouttes éparses et cinglantes : La veste de smoking c'est élégant, mais loin d’être suffisant pour protéger mes poignées d’amour frissonnantes. J’envie les doudounes en plumes coréennes ultra-couvrantes qui emmitouflent les précieux jusqu’au bout des cheveux. Ce que j’envie beaucoup moins en revanche, c’est cette scène rendue si ardue par les éléments hivernaux, et qui demandera à l’équipe pas moins de 3 heures de tournage dans le froid. Pis encore, les deux protagonistes frigorifiés mimant le doux soleil de printemps, jouant en chemise au bord du vide et du vent, tandis qu’entre chaque prise équipes et pimprenelles frictionnent et enduisent de crème hydratante leur peau meurtrie par le froid. 
Je fais régulièrement des excursions à l’extérieur pour observer leur jeu d’acteur, gonflée de respect par le professionnalisme et l’abandon de soi. Se plaindre ne servira à rien : cette scène doit être tournée aujourd’hui, c’est la seule fenêtre disponible dans le calendrier serré qui oblige déjà la production à tourner en continu de dix heures du matin à plus de minuit chaque jours depuis deux semaines.
Mon admiration n’a plus de limites, ou si peu.

La tour de Nagoya oscille lentement dans le vent. L’ingénieur-son nous signale un bruit de train. Il faut tout refaire. Rectification, c’était un séisme de magnitude 4. Il faut quand même tout refaire . 

Le role de ma vie - L'idole frigorifiée

Les idoles japonaises ont la peau dure

Quatre heure après notre arrivée à la tour, c’est enfin dans la boîte. Je voudrais offrir un bon café chaud aux héros de la journée, mais c’est sans compte sur leur métier : Idoles dévouées. Sans même avoir le temps de passer par la case sanitaires ou repoudrage, les voilà tous deux en séance de dédicace pour leurs fans prompts aux débordements de portefeuille. Avec un sourire désarmant de bienveillance chacun remercie, accole, pactise et selfise avec ses admirateurs. Je suis ébouile. Je suis indignée. Que personne n’envisage de les laisser souffler deux minutes après ce qu’ils viennent d’endurer servilement, me met hors de moi.


Et puis je réalise que c’est ce pourquoi ils ont signé. Cela fait plus de dix ans que leur vie toute entière est dévolue à une maison de production. C’est d’ailleurs ce que Nishiyama me confirme sur le chemin du retour vers le studio. Restrictions de relations personelles, de comportement en public et autres ivresses plus ou moins volontaires: la vie des idoles vue de l'occident est une forme reconnue d'exclavage moderne. Le moindre faux pas hors contrat, et c'est la fin en fanfare du rêve blanc et rouge, de toute médiatisation à vie, le début forcé de l'annonymat de l'enfer. Cela me dépasse, mais c’est la voie qu’il a choisi et dans laquelle il donne le meilleur de lui-même.
D'ailleurs, son objectif personnel au delà du rôle de bad-boy pré-déterminé par la firme, est de développer la scène créative et cinématographique sur Nagoya. Il nous confirme, déterminé: « Les possibilité pour créer des studios de tournage sont infinies ! »

 

Si jamais tu me ressorts encore ce sourire désarmant après nous avoir dit un truc aussi passionné, je ne répond plus de moi, Nashiyama.

Vais-je résiter jusqu'au bout ?
Combien de jours de tournage nous reste-t'il ?
La scène la plus compliquée n'est pas encore passée !
Mais qui à mangé les éponges oranges de la fausse cuisine ?

La suite au prochain épisode !

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