[aké omé] = abréviation familière de "Akemashite Omedetou Gozaimasu" = Bonne année.

 

 

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N'ayant commencé que la moitié de mes emplois, et ayant quelques jours de libre cette semaine de fin et de début d'année, j'ai décidé de m'ébrouer, de sortir de mon terrier pour continuer sur ma belle lancée de fin d'année.

 

 

J'ai commencé par un après-midi complet de bavardage chez Béatrix. J'ai fait sa connaissance il y un en an environ via son blog "Nagoya en français", et nous nous sommes rencontrées pour la première fois la semaine dernière.

 

Au programme, fabrication de mi-scones dégustés avec du beurre et de la confiture de myrtilles, non-ouverture des noisettes envoyées par maman depuis la France, discutions hautement philosophiques et derniers potins; j'ai passé une excellente journée.

Et visiblement, je ne fus pas la seule, puisque je me vis invitée à une petite fête pour le soir de l'an. Chic, chic, chic.

 

 

 

 

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Le lendemain, j'avais rendez-vous au temple où habite Yuko, pour un Omochitsuki [omo-tchi-tsuki].

Le mochi est une sorte de gâteau de riz que l'on obtient en passant du riz cuit au pilon avec de grands marteaux en bois. Une fois la pâte homogène et sans morceaux (vos bras aussi), on la sépare en petites portions qui après durcissement, peuvent se manger grillées, en soupe, etc... C'est un gâteau que l'on trouve en toutes saisons et à toutes les sauces, mais qui se mange surtout lors de la nouvelle année.

 

Je suis arrivée en retard, c'était déjà fini. Mais j'ai pu gouter au fruit du labeur des autres, et c'était bon.

 

 

 

 

 

Et puis ce fut la St sylvestre.

 

Les Japonais aiment commencer l'année nouvelle sur de bonnes résolutions. Pour cela, ils pratiquent un grand nettoyage  les derniers jours de décembre et qui fait office de rite de purification de la maison. On change le papier des portes, on remplace les objets abîmés, on aère les tatamis. Ils doivent aussi avoir liquidé les affaires en cours et réglé leurs dettes avant d'entamer l'ōmisoka, le réveillon du 31 décembre. Il est généralement de mise de faire preuve d'optimisme et de bonne humeur. [Wikipédia - Nouvel an japonais]

 

Je passais donc la soirée chez Béatrix, en compagnie de ses deux filles métisses japonaises, d'environ mon âge, de leurs amis, et de Marie-France.

 

Marie-France.

Quelle personne incroyable. Cette dame qui ressemble à s'y méprendre à ma grand-mère paternelle m'a remplie de sympathie. Je poste ici un petit extrait de son blog "Japonica d'une gaijin" racontant (entre autres) son histoire passionnante :

 

 

"Nous nous sommes donc mariés en France fin juin 69. [...]

Mon mari, qui avait le billet payé pour le retour au pays, pouvait demander à le faire en bateau plutôt qu'en avion - à l'époque c'était encore possible - et c'était son choix. Il existait une ligne régulière des Messageries Maritimes de bateaux mixtes Marseille - Yokohama. Les escales étaient: Dakar,  Durban, Mombasa, Bombay (devenu Mumbai), Colombo,  Singapour,
Bangkok, Hong-Kong, kobe, et Yokahama terminus. Vous avez compris, au vu de cet itinéraire, qu'à cette époque, le canal de Suez était fermé d'où le grand tour de l'Afrique.

[...]

Il y aurait d'autres choses encore à raconter, mais je veux en arriver à l'essentiel de ce jour: mon arrivée à Yokohama, mon arrivée à Tokyo, mon arrivée au sein de cette famille qui devait devenir ma famille aussi.

Je me sentais terriblement sous l'effet du trac. C'est un peu crispée que j'ai parachevé les préparatifs de débarquement à Yokohama. Et soigné ma présentation. Avec un joli petit ensemble très parisien et de belles chaussures neuves pour aller avec, achetées à Hong-Kong. " 



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Outre la dégustation de mets délicieux préparés par Béatrix, nous avons regardé l'émission musicale de fin d'année, et hurlé comme des groupies en montant le son à chaque fois que sortait un de nos artistes préférés. Je parle de Béatrix, Marie-France et moi bien sûr. Les autres jeunes papotaient tranquillement dans la pièce à côté, en se lamentant sur nos goûts parfois dépassés. Je vous ai déjà dit que j'aimais la musique des années 80 pourtant.

 

Lorsque vint le compte à rebours, je fus emplie soudainement d'un sentiment de ravissement profond.

 

La même ivresse que lors de ma première arrivée au Japon à de mon 20ème anniversaire. Le même sentiment de satisfaction que lorsque je décrochai mon visa pour revenir cet année 2012. Le même encore que lorsque je remarchai avec ardeur dans les rues du pays du soleil levant. Celui qui me prend le coeur lorsque j'entends le bruit des barrières qui s'abaissent pour laisser passer un train. Le même qui me laisse béate de satisfaction devant les carpes multicolores d'un bassin. Celui encore qui déploie les ailes de la liberté dans mon dos en pédalant de toutes mes forces dans la campagne sous la pluie. L'extase lorsque j'engloutis dans un même repas des sushis, un sukiyaki et une bière bien fraiche, avant de rentrer dans un bain fumant. Le même qui me fend le visage d'un sourire de candide en évoquant ce que j'aime ici. La même évocation de gratitude, d'allégresse, de bien-être envers le TOUT qui fait que je suis là. Le même qui rugit silencieusement dans mon coeur qu'il n'y a pas de meilleure place pour moi qu'ici.

 

Cela me donna envie de danser, de rire, d'exploser.
C'est ce que je fis.

 

Une fois mes élans de joie un peu calmés, nous sommes parties toutes les trois pour un temple proche, afin de faire nos voeux pour l'année à venir. Ce soir-là, on fait la queue pour jeter quelques pièces, faire sonner la cloche, joindre les mains dans un claquement en demandant une faveur, et boire une coupe de saké chaud.

 

 

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J'ai fait l'acquisition d'un Daruma. C'est un personnage en papier-mâché à qui on dessine un seul oeil en faisant son voeu. On ne dessine le second que lorsque le voeu s'est réalisé.

 

Lorsque le voeu ne se réalise pas (s'il y a une date butoir, comme la réussite d'un examen par exemple), on peut renvoyer le daruma en fin d'année au temple où l'on en a fait l'acquisition, pour qu'il soit brûlé. De cette façon, l'on signifie aux dieux que l'on n'abadonne pas, et que l'on cherchera un autre moyen de réaliser son souhait.

 

Moi, je les trouve surtout très mignons.

 

 

 

 

 

Pour mes derniers jours de vacances, j'ai décidé de partir à Kiso, passer quelques jours dans les montagnes. Respirer l'air pur... et faire de la luge !

Car le ryokan de Yumiko, situé dans la petite vallée de Kaidan, est abreuvé de neige depuis plus d'un mois. La perspective de repas monstrueux, de bain fumant, de nature blanche et de moments en famille me décida à faire fi de mon budget mesuré. Au diable les soupes instantanées et le riz à la margarine, je me suis payée les sushis et le sukiyaki fait maison au même repas.

 

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L'ambiance au ryokan était à son comble, car les petits enfants profitaient encore une fois des vacances pour arracher des sourires gâteux à grand-père Nishi. Le ventre de leur belle-fille atteint des proportions impressionnantes pour seulement 6 mois de grossesse, mais les filles sont ravies.

 

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Nous sommes partis avec nos luges, opération pôle nord, à l'assaut de pentes poudreuses du golf fermé pour la saison.

 

 

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Au retour, direction le Kotatsu. Une table chauffante munie d'une couverture, sous laquelle on se glisse. La terreur de la ménagère : Impossible d'en ressortir. Le kotatsu, c'est le diable avec une couette à rayures. On lui donne son après-midi sans hésiter, avec une tasse de café au lait brûlant, et peu importe ce qui passe à la télévision, on regardera tout, juré.

 

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Les deux jours au fond de la montagne sont passé à la vitesse d'un gamin sur une paire de skis.

 

Sans le plâtre à la fin.

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