Prendre un café à Ise [Partie 1]
26 févr. 2013
Un weekend de deux jour se profile à l'horizon. Telle la vive loutre des rivières saisissant son poisson, je saute sur mon portable et téléphone à droite et à gauche, bien décidée à ne pas rester vautrée sur le canapé comme un lion de mer sur une plage d'Alaska.
Mais bien vite, je me rend compte que mes deux jours de repos tombant un Lundi et un Mardi, personne n'est disponible, ni pour me loger, ni pour m'acompagner. Aussi seule qu'une bernacle oubliée sur un rocher un jour de sortie scolaire spéciale pêche à pied à Plougonvelin.
Qu'à cela ne tienne. J'irais seule.
Après une bonne grasse matinée, me voilà donc lundi 18 février, 8h30 matin, avec une paire de tennis et un sac à dos d'occasion, dans le train le moins cher pour la ville d'Ise à 110 kilomètres. Celle qui donne son nom à la baie où se trouve Nagoya.
J'ai décidé de partir sans mon ordinateur portable pour voyager léger. J'ai préparé tout mon programe avant de partir. Un programme chargé et réglé à la minute près. J'ai même prévu l'imprévu, au cas où je devrais changer de progamme, au cas où je rate mon bus, au cas où je perde du temps, au cas où j'en gagne, au cas où je rencontre l'homme de ma vie en haut d'une montagne, en cas de débarquement d'une armée de pingouins commando en provenance du pôle-sud.
Je suis sur-exitée. C'est la première fois que je pars seule en voyage. Que je vais en terre inconnue, sans encadrement, sans connaissance sur place pour m'aider. Ca semble idiot venant de quelqu'un qui vit seule dans un autre pays que le sien. Mais c'est le sentiment que j'ai en faisant mon sac, et celui qui fait battre mon coeur sur le quai du train, celui qui m'empoigne lorsque je descend à la gare d'Ise.
"En route vers l'aventure".
Il pleut, mis là encore, j'ai tout prévu. J'enfile par-dessus mon sac, mon giga-k-way, celui du set saison des amours des papillons de honolulu. Je marche jusqu'au grand sanctuaire d'Ise.
Je n'aime pas tellement visiter les temples.
J'aime y aller lorsqu'il y a un évènement important, parce que les festivals sont à mon avis ce qui fait ressortir leur intérêt et toute leur splendeur populaire. Mais impossible de ne pas s'arrêter au temple d'Ise, car c'est le sanctuaire shinto le plus important du pays. Des écrits en font mention depuis le 7éme siècle après JC; pour vous situer, c'est à peu près l'époque de la naissance de Charles Martel, futur roi des Francs. Ne me remerciez pas.
Ce sanctuaire est considéré comme un des lieux les plus sacrés du Japon (après la salle de bain de l'empereur). La religion Shintoiste à influencé la vie quotidienne de millions de nippons depui des lustres, on lui doit la plupart du folklore qui fait la rennomée de la culture à travers le monde. Le trés vieux temple d'Ise est principalement dédié à à la magnifique déesse Amaterasu, représentée par le soleil levant rouge que l'on retrouve sur le drapeau national.
Passage obligé, puisque je passe par la ville. Et que c'est écrit dans mon programme.
Je me bats contre la solitude. Je marche en écartant l'air avec difficulté, comme dans une jungle épaisse. Je me sens comme engluée dans une purée de poix épaisse et gluante qui m'empèche d'avancer. Mais je lutte.
Le paysage est sans interêt. Je me dit que j'aurrais mieu fait de rester au lit. Seuls les gens autour m'interpellent. Toujours par deux si ce n'est plus. Je frappe dans le vide, n'ayant pour échos que le silence. Mais je n'abandonnerais pas. Jamais. Plutôt mourir que de laisser tomber. Je marche.
J'achète un ticket de bus sur deux jours, et je file à la deuxième partie du temple à quelques kilomètres.
Comme prévu c'est joli, mais inintéréssant.
J'erre dans la rue commercante, mange des coquillages grillés, achète des souvenirs sucrés pour mes colocs et l'équipe de la boulangerie, regarde un spectacle de rue avec un chien qui parle, mange un dessert chaud composé de haricot sucré et de farine de riz gluant, visite le temple, prend des photos de carpes pendant 30 minutes, et reprend le bus pile à l'heure pour la ville de Toba.
Je vais loger chez un parfait inconnu, trouvé gràce à Couchsurfing.com, un site communautaire où des gens possédant une chambre supplémentaire ou un canapé à travers le monde proposent un hébergement gratuit pour la nuit. Du co-voiturage de canapé.
Au terminus du bus, je retrouve donc Waziem Choudhry, 34 ans, australien d'origines Indoues, directeur d'une entreprise de vente de bateaux japonais d'occasion vers l'océanie.
A Toba, le vent est si fort qu'il est difficile de marcher droit.
Je lui dis que je veux manger du requin. Il m'amène donc dans un petit bar tenu par une de ses amies et je mange le requin.
Rien de particulier.
C'est-là qu'on se rend compte que le prédateur le plus effrayant de la planète n'est finalement que du poisson. Aucune texture particulière, aucun goût défini. Du cabillau à 10€ l'assiète. Requin, je t'ai mangé, je suis au sommet de la chaine alimentaire, je jubile. Mais je reconnais que pour un goût aussi banal, on ferait mieux de te protéger correctement plutôt que de te manger. Ou faire de l'élevage à requin-pané.
C'est épuisée que je m'endors dans une chambre pour moi toute seule, avec une paire de chaussettes, un collant, un pantalon de pyjama, un débardeur, un t-shirt, une veste fourrée à capuche, une paire de gants et le radiateur éléctrique à fond.
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