La danse du bonheur
09 nov. 2012
Nagoya est une très belle ville où se cotoient comme en beaucoup d'autres endroit du Japon, le passé et le futur. Bien qu'elle soit la troisième plus grande ville du pays, elle reste principalement une ville de travailleurs, et les attractions dites touristiques sont peu nombreuses. Il y a cependant des lieux incontournables, que vous trouverez mentionnés dans tous les guides de voyage, tels que le chateau de Nagoya ou l'usine de voitures de Toyota.
Depuis mon arrivée, seule et trés occupée, je n'ai pour ainsi-dire rien vu. Mais l'arrivée de Jayoung est un prétexte fantastique pour me rattraper.
Ma liberté nouvellement retrouvée, je ne me gêne pas.
La paperasse terminée, nous profitons des jours qui suivent pour aller voir l'immense centre commercial Oasis21 (à droite sur la photo) et son architecture futuriste, sur le toit duquel se reflète la tour TV.
Nous visitons le chateau de Nagoya, l'estomac plein de sushi offerts par mon ancien collègue Mr Ikedo (celui du salut vulcain). Ce jour-là est annoncé comme étant celui du festival des momiji (érables) et je m'attends à voir le parc pris d'assaut par la foule. Il n'en est rien. Dailleurs, si il y a un festival, nous le cherchons en vain.
Et puis le monumental aquarium du port, rejointes par Seiji, nouvel arrivant de la colocation. Récement, un heureux évènement nous permet de voir nager un bébé béluga gris pomelé au cotés de sa mère, colossale masse de muscles d'une blancheur éclatante glissant avec agilité dans l'eau réfrigérée de son bassin bleu roi. Entre spectacle de dauphins, adimration des murennes, tremblements devant les crabes géants, caresse aux étoiles de mer et discutions avec les tortues, mes compagnons ont du mal à me faire sortir de là et ne sont sauvés que par la fermeture de l'établissement le soir venu.
J'ai aussi une place pour le concert de Merry Quintet, dont j'ai rencontré le bassiste (Mr fraise qui coule) au concert de Okahira Kenji. Comme beaucoup des gens présents ce jour-là m'ont dit y aller, je me suis dit que la musique devait y être bonne. J'ai donc acheté un ticket à l'aveuglette, et cherché ensuite sur le net.
Franchement, ça vaut le coup.
Je m'éclate comme une folle, achète un t-shirt, et récupère au vol le médiator du bassiste.
Seiji nous conduit aussi jusqu'à Kourankei. Situé non loin de Toyota (la ville, pas la voiture, mais c'est la ville de la voiture, et la voiture porte le nom de la ville, donc la voiture et la ville ont le même nom), c'est un endroit réputé pour sa forêt à flanc de montagne, qui se pare de couleurs flamboyantes en automne. Malgré ce début du mois de novembre, la forêt est encore à moitié verte, mais cela vaut le détour. Erables, ginkos, bambous, les essences magnifiquesse se mélangent sur les deux versants de la vallée séparés par une rivière limpide courant à travers les rochers. De temps à autre, un pont rouge vermeil permet de rejoindre l'autre rive.
Nous grimpons un sentier escarpé à travers la forêt qui nous mène jusqu'au sommet de la petite montagne.
Le temps d'y arriver en sueur, il est déjà 17 heures et la nuit tombe. La descente de l'autre versant se fait donc à l'aveuglette, et je tente de rassurer Jayoung avec des histoires de gentils sangliers. Raté.
Au détour du sentier obscur nous passons avec étonement sous un tori érodé, portique rouge signalant le chemin d'un temple. Nous poursuivont la descente pénible des imenses marches dépareillés et creusées dans l'humus de la montagne pour arriver dans un lieu étrange. Il fait tout-à-fait nuit à présent et rien n'éclaire l'immense clairière de laquelle émane pourtant une douce lumière verte, comme une aura de calme et de sérénité. Le ciel est invisible, caché par le feuillage dense de la végétation environante qui semble se courber et se tendre de toutes parts pour couvrir le lieu comme une protection naturelle. Tout est calme, seul le bruit d'un shihsi odoshi (fontaine à bascule en bambou) vient résonner contre les murs en terre battue de l'habitation au centre. Il ne s'agit pas d'un temple, mais plutôt d'une formidable maison traditionnelle dans la clairière parsemée de feuilles de bambous. Ce bruit creux qui s'en va riccocher contre les troncs d'arbres trompe nos sens quand à la taille réelle de l'endroit. Le temps semble s'être figé, et il nous est impossible de dire si le sentiment qui étreint nos coeur à ce moment là est emplis de chaleur ou de crainte.
Nous avons tôt fait de continuer notre route, et enfin rentrer épuisés.
Chaque jour entre deux balade est consacré à la recherche d'emplois sur la dizaine de sites internet proposant chacun son lot de postes à temps-partiel sous-payé. Outre le fait que je n'ai pas tellement envie de travailler le weekend, ni jusqu'a minuit, ni trois jours par semaine seulement, et que la plupart des postes d'employés sont proposés vers le mois d'avril; il faut avoir l'oeil vif et beaucoup de chance pour arriver à sortir ne serait-ce qu'une seule annonce potable sur les centaines proposés par les agences.
Je finis tout de même par trouver une annonce de vendeuse de vêtements français relativement bien payé, et l'entreprise au téléphone me donne rendez-vous le soir même. J'écris mon CV en deux heures, un exploi.
Arrivée sur place, la recruteuse me parle un dizaine de minutes avant de me dire que ce n'est finalement pas possible, et que si quelque chose d'autre se décide, elle me rappellera, merci.
De rien.
Deux jours plus tard, on me rappelle pour m'annoncer que dans dans la même entreprise, un autre poste est disponible, et que l'on m'attend dès midi pour faire un essai.
Je m'execute. Je suis prise. Je commence lundi. Je vous en parlerais en détail après ma première semaine de travail.
Cette nuit, j'ai révé que je dansait à perdre haleine dans un champs.
Je crois que c'est la danse du bonheur.