>> [Première partie] <<

 

 

 

soba -nouilles de srasin

      Après un repas succin pour ne pas déranger l'anguille grillée du midi qui refuse de laisser sa place aux nouilles de sarrasins du soir dans mon estomac, j'accompagne Yumiko à la chorale.

 

Les répétitions ont lieu une fois par semaine dans la classe de musique du collège municipal. Le batiment flambant neuf est immense, mais campagne oblige, le nombre d'élèves de l'école, toutes classes confondues, n'excède pas 50 personnes. La largeur des couloirs, les baies vitrées gigantesques et le mobilier de premier ordre feraient pâlire nimporte quel collège français.

 

La chorale, c'est un groupe amical d'une quainzaine de personnes, qui se retrouvent une à deux fois par semaine, et s'entrainent pour chanter aux évènements de la vallée. Je me retrouve entourée de dames adorables qui me couvrent de compliments des pieds à la tête. On me remmet une ou deux partitions.

 

Mes cours de musique sont loin et je n'ai jamais été douée pour lire les partitions. A ce déchiffrage laborieux, s'ajoute le fait que les paroles sont en japonais. Double déchifrage laborieux. Mais grace à la mélodie, je m'y retrouve vite.

 

La chanson à le même age que les choristes, et dans cette salle de classe perdue au milieu des montagne, entourée de cheveux argentés et permanantés, je remonte volontier le temps.

 

 

 


 

遠い世界に [tooï sékaï ni]

Dans un monde loin d'ici

(traduction aproximative et maladroite)

 

 Et si nous allions loin d’ici ?
Ou accrochons nous à un ballon rouge,
marchons sur les nuages,
dans un arc-en-ciel fait de lumière.
Emportons un peu du vent des cieux
pour souffler le sombre brouillard.


Car même dans la ville où nous vivons
en montrant des visages souriants

notre cœur reste triste.

Rassemblons nos forces pour les vivants.
Si aujourd’hui, j’ai oublié tout le monde
les jeunes années restent.

La petite étoile cachée par les nuages,
voilà le Japon, mon pays.
La jeunesse cours à nouveau dans mes veines,

marchons ensembles, c’est un long chemin mais
sur cette route, aux limites de l’effort,
cherchons ensemble le monde de demain.

 

 

La mélodie me réchauffe le coeur, et je m'ennivre des formes de la montagnes fondues dans la nuit tandis que l'air monte dans la vallée vert sombre.

C'est l'esprit léger que je vais me coucher.

 

 

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Le lendemain, Yumiko se lance dans le ménage, et je lui prête main-forte. Cela me fait plaisir de pouvoir l'aider, moi qui séjourne toujours sans contrepartie chez elle. 

 

Elle commence par ouvrir toutes les fenêtres des chambres, et gravir les escaliers à pic avec chaque matelas et couvertures, pour les poser à-cheval sur le balcon de l'étage en plein soleil. La tâche est perilleuse et épuisante, tant la charge est lourde. Les rayons et le grand air tuent les acariens et dissipent les odeurs. Elle les sort tous les jours. Tandis qu'elle met de l'ordre, je passe le balais, et m'attaque aux baies vitrées. Chaque fenêtre est équipée d'un double-double vitrage. Deux baies vitrées superposées, afin de contrer le froid de l'hiver montagnard. Six portes-fenêtres, recto-verso, multipliés par deux. Bientôt, je suis en âge et souffle comme un boeuf, en sautillant pour atteidre les coins. Yumiko semble ravie.

 

Jusqu'à recement une dame l'aidais dans les tâches ménagères, mais elle n'est aujourd'hui plus en état de se déplacer jusqu'à l'auberge dans les montagne, et Yumiko assume seule l'organisation du Ryokan. Je me rend compte à quel point ces tâches sont épuisantes pour le corps plus si jeune de Yumiko, et je me sens coupable de ne pas pouvoir lui être plus utile, moi qui vient ici pour me reposer.

 

Une fois le ménage terminé, ou plutôt, que Yumiko m'ai mis dehors car elle estime que j'en ai fait assez, je monte à quelque pas de là, au café Poppoya. Mme Ando la boutiquière, qui suit avec application tout mes status sur les réseaux sociaux, était déjà au courant de mon arrivée dans la vallée avant même que Yumiko ne lui en fasse part. Et elle attend ma visite avec impatience.


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La vallée de Kiso 4581 

Assise au soleil avec un café au lait glacé, je sort de nouveau mes aquerelles, et tente maladroitement de peintre le Mont Ontake, qui pointe à l'horizon.


Dans la vallée de Kiso, où que vous alliez, on vous dit "d'ici, on voit le Mont Ontake". C'est la fierté des habitants de Kiso. Il ne se passe pas une jour sans que Mme Ando ne publie des photos de la montagne solitaire sur son blog. Eté, hiver, brouillard, ou soleil, elle prend chque jour une image du gardien de la vallée. Elle doit ête une des seules habitantes du coin à posséder internet dailleurs.


Elle photographie aussi chaque personne, chaque oiseau, chaque nuage qui passe par son café à flan de montagne. Il y a même une agence de voyage pour randonneurs, qui s'est arrangée pour emprunter systématiquemet le sentier de grande randonnée qui passe derrière le café. Chaque semaine vois arriver son lot de marcheurs du monde entier, venus admirer les des rails du train miniature qui tourne devant la térrasse du café, pour le plus grand bonneur de Mme Ando et de son mari. Depuis peu, elle s'est mise à jouer de l'harmonica, et son mari l'accompagne à la guitarre, "pour faire un peu d'animation", dit-elle.

 

C'est un lieu où il fait bon vivre, tout simplement.

 

Harcelée par les guêpes pour qui je semble bien plus appétissante que les autres clients de la terrasse, je finis par battre en retraite.

 

A midi, des clients sont attendus au Ryokan dans la vallée, et Yumiko décide de me ramener à la gare. Elle m'amène au Golf afin que je dise aurevoir à Mr Nishi. Nous savons qu'il s'agit probablement de notre dernière rencontre avant longtemps, puisque mon retour pour la France est prévu dans un mois et demi. Je n'arrive pas à croire que près d'un ans se soit écoulée depuis mon arrivée dans la vallée. Nous ne nous sommes vus que quatres fois, mais nous nous aimons comme s nous avions passé des années ensemble. Les adieux sont néanmoins polis et pudiques, cachant maladroitement nos élans d'affection.

 

Je me rend compte à quel point j'ai trouvé une vraie famille au coeur des montagnes.

 

La vallée de Kiso 4532

Yumiko veut me déposer à la gare, mais j'ai toute l'après-midi pour rentrer, et une idée me trotte dans la tête depuis un moment.

 

Je veux rentrer en auto-stop, un partie du trajet en tout-cas. Tout mes amis m'ont dit que personne n'en fait, et que je devrais peut-être éviter. Mais aucun d'eux ne peut m'expliquer pourquoi, et je n'ai trouvé aucun article de presse concernant un accident d'auto stop, ni même une interdiction.

Un arrêt dans un magasin et je me procure sous l'oeil dubitatif de Yumiko, un morceau de carton sur lequel je griffone le nom d'une gare à mi-chemin de Nagoya. Elle me dépose au bord de la route, avant d'aller faire ses courses. Si je suis toujours au bord de la route à son retour, elle m'amènera à la gare. Marché conclu.

 

      C'est parti !

 

[ Partie 3] 

 

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